Historique - Baseball féminin

 

Femmes et jeunes filles jouent au baseball en Amérique du Nord depuis le 19e siècle, alors que le baseball se développe comme sport national aux États-Unis et sport estival de prédilection au Canada. Les premières équipes féminines prennent naissance dans les collèges pour filles du nord-est américain; le simple divertissement intra-scolaire mène éventuellement à des compétitions entre collèges.

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La toute première équipe de baseball féminin, celle du Collège Vassar

 

Débutant à la toute fin du 19e siècle et se poursuivant au début du 20e, des joueuses de talent forment des équipes itinérantes semi-professionnelles se mesurant à des équipes masculines locales. Le public semble fasciné par ce curieux spectacle mettant en évidence la gent féminine dans un sport d’hommes.

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Une équipe féminine itinérante des années 20

 

Quelques talents féminins exceptionnels se font connaître lors du premier tiers du 20e siècle, tels Alta Weiss, Babe Didrikson, et Jackie Mitchell, célèbre pour avoir retiré Babe Ruth et Lou Gehrig sur trois prises lors d’un match hors-concours. Quelques femmes signent des contrats des ligues mineures, que les commissaires annulent rapidement : le baseball définissant l’idéal masculin aux États-Unis, il ne saurait être « contaminé » par une présence féminine.

Jackie Mitchell, suivant son exploit en 1931

 

Reconnaissant l’attrait que possède le baseball pour les femmes, mais voulant le préserver comme sport masculin, l’establishment sportif aux États-Unis les redirige vers un nouveau sport, créé à la fin du 19e siècle et de plus en plus populaire chez les deux sexes : ce qu’on appelle initialement le baseball intérieur et, éventuellement, la balle-molle. Ce sport deviendra éventuellement très compétitif, mais, au début, avec ses petites dimensions et sa balle plus grosse et moins dure, il convient parfaitement au cloisonnement culturel séparant hommes et femmes. Dans les écoles et les municipalités, les garçons jouent au baseball, et les filles à la balle-molle. Ce rejet des filles s’inscrit officiellement lors de l’adoption de la charte fondatrice de la Little League en 1939, dont l’objectif cité est de promouvoir, à travers la pratique du baseball, le développement civique du jeune Américain (au masculin seulement).

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Le sport au service de la citoyenneté

 

Le baseball féminin connaît un bref regain de vie lors de la création de l’AAGPBL en 1943; il s’agit de cette fameuse ligue professionnelle féminine popularisée par le film A League of Their Own, en 1992. On fonde cette ligue non pas par souci d’égalité envers les femmes, mais bien, en ces années de guerre où le baseball souffre de l’absence de nombreux joueurs, pour offrir au public payant une autre source de divertissement. L’AAGPBL périclite graduellement après la fin de la guerre et le retour des joueurs professionnels jusqu’alors exilés. Au même moment, le public américain se passionne de plus en plus pour la venue des Afro-Américains au baseball majeur, et délaisse donc cette curiosité temporaire que constitue le baseball professionnel pour femmes. L’AAGPBL met fin à ses opérations en 1954, sans impact sur la culture du baseball : filles et femmes continuent de jouer presqu’exclusivement à la balle-molle.

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Les Peaches de Rockford de l’AAGPBL, immortalisées par Hollywood en 1992

 

Le climat politique change lors des années 60. Une Amérique plus moderne légifère en faveur des droits raciaux et des femmes. Dans ce contexte, au début des années 70, la Little League fait face à plusieurs batailles judiciaires visant à y ouvrir l’accès aux jeunes filles.

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Maria Pepe gagne sa cause : la Little League ne peut refuser d’inscrire des filles

 

Déboutée en cour à maintes reprises, la Little League réplique en instituant, en ses cadres, une division de balle-molle : on permet aux filles de s’inscrire au baseball, mais on les encourage plutôt à continuer de suivre une tradition maintenant bien ancrée aux États-Unis, et donc de jouer à la balle-molle. Alors que les universités et les collèges américains offrent à ce point de plus en plus de bourses d’études reliées au sport, incluant en balle-molle, les jeunes Américaines font un choix logique : elles jouent à la balle-molle à l’enfance et à l’adolescence, se préparant ainsi aux ligues collégiales et universitaires.

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Malgré un passé distant, le baseball pour femmes demeure donc un jeune sport en Amérique du Nord et ailleurs. Les ligues féminines sont rares, mais se développent néanmoins. On forme des équipes nationales dans plusieurs pays, qui se disputent une coupe mondiale à chaque deux ans. Le baseball féminin participe aux compétitions internationales multi-sportives pour la première fois lors des jeux panaméricains de Toronto en 2015. Au Québec, les inscriptions augmentent graduellement. Des championnats provinciaux dans le Bantam (16U) et le Pee Wee (13U) existent depuis 2006, et on y ajoute les Moustiques (11U) en 2018. Une division midget-féminin au sein de la Ligue de baseball inter-cité métropolitaine voit le jour en 2015, mais est dissoute après la saison 2017. Ceci pave la voie néanmoins à la création de la Ligue féminine de baseball du Québec (LFBQ) en 2021.

 

L'équipe nationale canadienne remporte l'argent à la Coupe du monde 2016 de baseball féminin, tenue en Corée du Sud.